IV) 3) Cas du Niger

Publié le par Morgane

 

-3- Cas du Niger


a) Les projets en cours au Niger


Production de pomme de terre dans la région d’Agadez


Ma visite au Niger a eu lieu alors que la rebellion touareg dans le nord du pays sévissait depuis plusieurs mois. Pour des raisons de sécurité je n’ai pas pu me rendre dans la région d’Agadez, je n’ai donc pas visité les sites de production des massifs de l’Aïr ni pu rencontrer les partenaires locaux d’ASF-Bretagne.


Aussi je ne dispose pas d’informations sur l’état des lieux de la culture de la pomme de terre et les actions d’ASF dans cette région, jusque là principale zone de production du pays. Il faut cependant que je précise que la culture de la pomme de terre a été affectée par la rebellion : plus d’approvisionnement en semences possible, circulation quasi impossible (routes bloquées par les barrages, couvre-feu) dans la zone, exode de la population qui fuit les conflits armés et donc moins de main d’œuvre et moins de consommateurs, etc…


Production de pomme de terre dans la vallée du Dallol Maouri


Depuis 2005 ASF travaille avec l’ONG ARIDEL (Action pour le Renforcement des Initiatives de DEveloppement Local) dans le département de Dogondoutchi.


Dogondoutchi est un département du Niger (au sud est de Niamey) qui compte 10 communes et 940 000 habitants. L’ONG ARIDEL a été créée en 2003 avec pour objectif la contribution au développement du monde rural. Elle intervient dans les domaines agricole (à travers la cellule agro sans frontière), environnemental, éducatif et de la santé.


Les objectifs de la cellule ASF :

-aider les producteurs à améliorer leurs techniques agricoles afin d’augmenter leur productivité (formations et suivis assurés par 2 techniciens, voyages d'étude au Mali et au BF)

- lutter pour la sécurité alimentaire


En 2005, après le déficit de la campagne pluviale la crise alimentaire touche le Niger, ASF fournit alors 13,375 tonnes de semences de pomme de terre à ARIDEL. Depuis 2005 cette opération est reconduite chaque année.


Les partenaires

- ASF
- SOC-I
- Projet d'Irrigation privée, phase 2
- CARITAS Développement Niger
- FAO
- CRS Catholic Relief Service : infrastructures hydrauliques, accès aux intrants (dons de semences et de petit matériel à des comités de gestion qui les vendent à bas prix au producteurs, organisation de foires aux intrants de maraîchage) - Programme spécial du président de la République


L'approvisionnement en semences

-ASF depuis 2005 : 13.375 tonnes de semences françaises importées chaque année

En 2005 et 2006 ASF a cédé les semences gratuitement à ARIDEL, qui a vendu la caisse de 25 kg aux producteurs à 7500 CFA en 2005 et 12000 CFA en 2006. La majorité de ces semences ayant été cédées à crédit, les mauvais payeurs ont confronté ARIDEL à un problème de recouvrement (80% seulement).

En 2007 la caisse de 25 kg a été vendue à 14000 CFA, ARIDEL a récupéré l'argent de la vente et remboursé ASF le prix du contener et les frais de transport. Plus de crédit en 2007, toutes les caisses ont du être payées comptant. Cette décision a posé un problème d'accès aux semences de plus petits producteurs, mais ARIDEL pense que cette leçon va leur prouver l'intérêt de s'organiser.

- FAO : 10 tonnes de Kondor (Hollande) et 1.5 tonnes de Pamina et Sahel distribuées gratuitement. Les semences sont suivies par l'ONG ARIDEL et la direction départementale de l'agriculture. Les zones choisies pour la distribution sont des zones vulnérables suite au déficit agricole de l'hivernage. 445 ménages des 10 communes ont bénéficié de cette aide, 20 kg de semences du 1er lot de 10 tonnes ont été distribués à chaque ménage. Le 2ème lot de 1.5 tonnes, arrivé tardivement, a été distribué à Dogondoutchi et Matankari, là ou l'eau était disponible pour mener à bien la culture.

La conservation


 

Intérieur du magasin de conservation de Dogondoutchi, Niger



En 2006 un magasin de conservation de 60m2 pouvant contenir 35 tonnes de pommes de terre destinées à la consommation a été construit à Dogondoutchi à l’aide d’un financement d’ASF et SOC-I.


Coût 3 600 000 CFA.


 

  En 2007 le premier essai de conservation a eu lieu : une tonne de pomme de terre a pu être conservée dans le local de mars à juillet. Une grande partie a été vendue après 2 mois de conservation, l’autre fin juin.


65 kg de pommes de terre de petit calibre (Pamina et Désirée) ont servis à un essai de conservation de plants et de tests pour la culture de la pomme de terre en hivernage.

- 5 kg ont été replantés en juin après une première pluie, mais 40jours de sécheresse ont suivi et l’ensemble des tubercules ont pourris.
- 7 kg ont été replantés en juillet, mais seuls 5% ont levés, pourriture du reste des tubercules. L’appui de l’université de Niamey a permis de conclure que l’échec de ces essais était essentiellement dû au fait que les variétés Pamina et Désirée ne sont pas adaptées à la culture en saison des pluies.
-11 kg ont été donné à Guillaume Lemasle (stagiaire ASFB) pour des essais à Bonkoukou en hivernage
- la 30aine de kg restante a été conservée jusqu’en octobre mais elle n’a pas servi de semence pour une récolte en primeur : les paysans n’ayant pas fini la récolte des céréales à ce moment là, aucun n’était disponible pour planter de la pomme de terre. Les tubercules de petit calibre ont donc été vendus à 600 CFA/kg pour la consommation.

 

Depuis l’atelier Proplant à Ouaga en 2007, ARIDEL attend les échantillons de variété 56 (qui peut supporter la conservation) et de variété 18 (pour la production en hivernage) que doit lui envoyer Bruno Vanderhofstadt de SOC-I. Les échantillons seront envoyés de Guinée durant l’hivernage 2008.

En 2008, 1615 kg de pomme de terre ont été achetés aux producteurs (Désirée, Pamina, Stemster, Sahel, Kondor) pour conservation dans le magasin de stockage. ARIDEL aimerait conserver jusqu’à trois tonnes de pommes de terre cette année. Le magasin n’est pas encore ouvert au agriculteurs de Dogondoutchi. Les producteurs doivent d’abord s’organiser, décider qui pourra y entreposer sa récolte et se charger de la collecte dans les différents villages.


Dans les années à venir ARIDEL envisage la construction de magasins de conservation dans les 9 communes restantes, priorité aux communes de Tibiri et Matankari (nombreux producteurs, disponibilité en eau et dynamisme)
L'organisation

Actuellement les paysans sont organisés en groupements peu dynamiques. ARIDEL a lancé un projet en janvier 2008, financé par ASF devant aboutir à la restructuration des organisations paysannes du département. Les groupements de chaque village seront recensés dans les différentes communes et organisés en union communale. Des délégués de chacune des 10 unions communales se retrouveront pour former une union départementale des producteurs de pomme de terre de Dogondoutchi.
L'objectif d'ARIDEL sera alors de mettre cette union départementale en relation avec l'union des producteurs de la région d'Agadez et l'union des producteurs de Bonkoukou pour aboutir à la constitution d'un réseau national des producteurs de pomme de terre, comme au Burkina Faso.

La commercialistation

La production du département de Dogondoutchi est entièrement écoulée chaque année. Le problème de commercialisation ne se situe donc pas au niveau de la demande mais réside plutôt dans le caractère individuel de la vente.

Les pommes de terre achetées par ARIDEL sont essentiellement vendues dans la zone de Dogondoutchi, à des fonctionnaires et des commerçants. En 2007 ARIDEL a fait la promotion de ses pommes de terre en diffusant à la radio une annonce.

La cellule ASF s'était engagée à aider les maraîchers à trouver des acheteurs pour faciliter l'écoulement de leur production. Une mission d'identification des acheteurs à Niamey a été effectuée, de nombreux contacts ont été pris. Malheureusement, les producteurs de Dogondoutchi, pressés de vendre leurs pommes de terre ont écoulé la majorité de leur production a des particuliers bord champ, au marché, et a des grossistes venus leur acheter 200 à 300 kg. Les acheteurs de Niamey ne voulant pas affréter un camion pour moins de 5 tonnes, les contacts établis par ARIDEL n'ont pas été utilisés en 2007. L'absence d'organisation pour la collecte de la production est en partie responsable de cet échec.

Malgré tout ARIDEL a quand même assuré une livraison de 3.5 tonnes de pommes de terre a un commerçant de Niamey en 2007.
En ce qui concerne la récolte de 2008, des petits commerçants se déplacent pour acheter 500 kg a 1.5 tonne de PDT qu'ils revendent à des grossistes de Niamey. Un acheteur nigérien a payé 3 tonnes de PDT qu'il compte écouler au Bénin.

Notons qu'à Tibiri et Matankari les producteurs ont leurs propres contacts sur Niamey, ils amènent leur production au petit marché de Katako.

Les producteurs de Kiria et Soucoucoutane, communes éloignées, ont du mal à trouver des acheteurs à temps voulu, ce qui les a poussé à développer des techniques de conservation traditionnelles (PDT conservées sur du sable fin, parfois enterrées, recouvertes de paille à l'ombre d'un arbre)



Diagnostic de l'avancement du projet dans le Dallol Maouri

1er projet : 2005-2007

Objectif : introduire la PDT dans la zone de Dogondoutchi et mener des activités d'accompagnement (Activités génératrices de revenu pour les groupements féminins)

Bilan :
- la PDT a été introduite dans toutes les communes et entre dans les habitudes alimentaires de la population
- les paysans commencent à maîtriser sa culture, grande motivation des producteurs
- pas de problèmes pour écouler la récolte, la commercialisation est bonne
- on est passé de 0 tonne en 2004 à 188 tonnes de PDT en 2006-2007
- AGR : stocks d'arachide, embouche (animaux engraissés puis revendus au boucher), moulin permettant aux femmes de gagner du temps pour se consacrer à d'autres activités ou se reposer
- construction du magasin de stockage
-construction d'un puit à Kalanmota et clôture du site
- 2 puits aménagés à Dogondoutchi

Difficultés rencontrées :
- Recouvrement des semences cédées à crédit les premières années pas à la hauteur des attentes. Ce problème est résolu depuis que les semences doivent être payées comptant
- Insuffisance des moyens : au début les subventions d'ASF n'étaient pas encore disponibles et l'action sur le terrain était handicapée par la disponibilité en fonds de l'ONG Aridel (pas d'argent = pas de déplacement)


2ème projet : 2008-2011

Objectif : organiser la filière pomme de terre dans le département de Dogondoutchi à travers la mise en place de différents réseaux (Union départementale des producteurs de pomme de terre de Dogondoutchi opérationnelle d'ici fin mai). Perspective d'une union nationale des producteurs de pomme de terre du Niger.
+ appui aux infrastructures de conservation
+ renforcement des capacités : formations pour les réseaux
+ appui en équipement (balances, petit matériel agricole)
+ appui à la commercialisation : démarcher des acheteurs sur Niamey et dans la sous-région

Au cours de mon séjour à Dogondoutchi j'ai pu visiter les sites de Matankari, Argoum et Kalonmota où j'ai rencontré des producteurs et évoqué avec eux les difficultés qu'ils rencontrent.

b) Proposition de nouveaux partenariats


  • Say


Entretien avec M. Djibo Konguizé, directeur adjoint de la Direction Départementale de l’Agriculture de Say et M. Talhatou Naino chargé des statistiques agricoles


La culture de la pomme de terre a été introduite récemment dans le département.

Début janvier 2008, la FAO a distribué gratuitement 2 tonnes de semences Kondor entre 4 communes (Tamou, Torodi, Say et Guéladjio) et 738 bénéficiaires.


Cependant au cours de cette campagne les agriculteurs ont rencontré plusieurs problèmes qui expliquent la mauvaise récolte :

  • La DDA n’a pas pu former les producteurs à la culture de la pomme de terre avant l’arrivage des semences de la FAO, la seule aide reçue par les agriculteurs a consisté en un suivi par des agents sur le terrain… Aussi des erreurs telles qu’un mauvais buttage ont entraîné le verdissement et la germination de certains tubercules au bout de 2 mois.

  • Fin février l’acariose (maladie caractérisée par le flêtrissement des plantes et l’apparition d’un cocon blanchâtre sur les pieds) a touché l’ensemble des solanacées et ravagé plus de 75% des pommes de terre.


Ainsi les producteurs ayant le mieux produit ont récolté 100kg de pomme de terre à partir d’une caisse de 25 kg de semences… Un rendement faible comparé aux 800 kg obtenus par certains cultivateurs burkinabés par exemple !

Les producteurs de Say ont pu vendre leur récolte à 275 CFA/kg, très peu ont choisi l’autoconsommation, ce qui prouve que cette culture récente n’est pas encore entrée dans les habitudes alimentaires de la population.


Pour la campagne 2008-2009, les agriculteurs satisfaits de l’essai mené cette année attendent une nouvelle aide de la FAO. Cette aide d’urgence de la FAO présente donc un inconvénient : elle place les agriculteurs dans une dépendance vis-à-vis de l’occident et une attente passive de semences gratuites qui les empêche de s’organiser pour effectuer des commandes groupées au niveau de la coopérative.


Ainsi on pourrait résumer la situation de SAY de cette manière :


Pourquoi tenter d’y implanter la pomme de terre ?


Parce que le département de SAY possède des terres fertiles et disponibles, de l’eau toute l’année (mares, fleuve Niger, chenal et motopompes) et des organisations paysannes (plus de 1500 sur le département) motivées. De plus l’écoulement de la production ne pose pas de problème : nombreux fonctionnaires à Say et Torodi, proximité de Niamey par une route goudronnée…


Les problèmes auxquels il faudra faire face


La zone est fortement parasitée, particulièrement les sites de Dalweye et Gantchi. Peu de suivi de la part des agents de la DDA à cause des faibles moyens financiers dont ils disposent pour leurs déplacements.

Les producteurs n’ont pas l’habitude de produire de la pomme de terre, il faut les former aux techniques culturales et aux techniques de conservation.

La conservation ne pose pas de problème pour l’instant puisque la pomme de terre représente une petite production qui est rapidement écoulée. Cependant si les quantités produites augmentent dans les années à venir la construction de magasins de conservation est indispensable… La DDA possède un hangar de 160 m2 qui pourrait être utilisé ?



Entretien avec M. Abdoul Aziz (président) et M. Ali Boye (trésorier) de l’Union des Producteurs d’Oignon et Activités Maraîchères (UPOAM)


Visite du site de Koba, proche de la station de pompage du périmètre rizicole.


 

Site de Koba et périmètre rizicole, Say, Niger


L’UPOAM a été créée en 2006 et regroupe 15 groupements soit plus de 400 personnes sur l’ensemble de la commune de Say.


En 2007 M. Abdoul Aziz a pris contact avec Illia Warou de l’ONG ARIDEL de Dogondoutchi… Une collaboration a été envisagée pour la campagne 2008-2009 principalement en ce qui concerne l’approvisionnement en semences. L’UPOAM pourrait effectuer une commande qui serait comprise dans le contener envoyé chaque année à Dogondoutchi par ASF. Bien entendu un travail préalable de sensibilisation et de formation des producteurs avant l’arrivée des semences sera indispensable pour garantir la réussite de la prochaine campagne. L’ONG ARIDEL pourrait également intervenir à ce niveau.

L’appui du pôle technique de l’université de Niamey sera également indispensable pour lutter efficacement contre les parasites (nématodes à galle, …).


Le président s’engage à faire une tournée à moto dans tous les villages et à estimer les besoins en semences d’ici juin 2008. Il propose même de s’appuyer sur l’UPOAM pour bénéficier de l’exonération des semences françaises… à suivre.



  • Torodi


La commune de Torodi possède 209 ha de périmètre maraîcher répartis sur 55 sites.


Entretien avec M. Salou Moumouni-Djoga le président de l’UGPCO SUBA SE (Union des Groupements des producteurs pour la Protection de la Couche d’Ozone)

Entretien avec des femmes du groupement Cernafa


Créée en novembre 2007 l’UGPCO compte désormais 753 membres (406 femmes et 347 hommes) pour 12 groupements répartis dans 11 villages de la commune de Torodi. Si on considère qu’une famille est composée de 10 personnes en moyenne, les 27,5 ha exploitables par l’union pourraient participer à l’alimentation de plus de 7000 personnes.


Les 11 sites :

Djoga 6 ha

Magou 3 ha

Bontchoulou 2 ha

Sirimbana 2 ha


Pengona 3 ha

Djilliki 2 ha

Kobadjé 3 ha

Kongo 2 ha


Bogodjontou 2 ha

Pogodji 1,5 ha

Kankantouti 1 ha


Ses objectifs sont :

  • améliorer les conditions de vie des membres par des activités agro-sylvo-pastorales et piscicoles

  • diminuer les gaz à effet de serre en plantant des arbres, en luttant contre l’érosion et en sensibilisant la population


L’UGPCO a été mise en relation avec ASF à travers l’UCOAM de Say et son président M. Abdoul Aziz. Pour l’instant elle bénéficie de l’appui de Swiss Aid et du FCIM (fond canadien des initiatives locales) pour le maraîchage (semences potagères, puits…), les banques céréalières, l’alphabétisation et l’amélioration des terres de culture.


En ce qui concerne la culture de la pomme de terre, 40 femmes ont mené une première expérience en 2000 en plantant 10 kg de pomme de terre donnés par les services de l’agriculture, soit une quantité dérisoire de 15 tubercules/personne ! A cette occasion elles ont bénéficié d’une brève formation sur la plantation et l’arrosage.

A partir de ces 15 tubercules elles ont récolté en moyenne un seau de 15kg, toute la production a été autoconsommée.


Cette expérience n’a pas été renouvelée car elle n’ont plus reçu de semences, mais elle leur a fait prendre conscience de l’intérêt de la culture de la pomme de terre pour diversifier l’alimentation et faire face à la crise alimentaire chronique au Niger (autoconsommation PUIS vente). En effet, les cultures de contre saison génèrent une activité qui est source de revenu à un moment où les gens sont désoeuvrés (traditionnellement l’agriculture est pratiquée au moment de la saison des pluies = hivernage).


 

Périmètre maraîcher, Torodi, Niger


Entretien avec M. Morou Alidou, chef du service communal du développement agricole de Torodi


En janvier 2008 la FAO a distribué 600 sacs de 25 kg entre les villages de Kobadié, Adaré, Pengona, Guessédoundou, Bogodjotou et Magou. Distribuées à des groupements ou a des producteurs individuels ces semences ont été cédées à plus de 150 personnes. Les services de l’agriculture ont suivi la prégermination et la plantation dans les 6 villages.

Cette expérience s’est soldée par de mauvais rendements : au moment de la tubérisation les puits étaient asséchés. Il est donc impératif de distribuer les semences en octobre/ novembre.


Villages

Quantité de semences donnée (kg)

Quantité de PDT récoltée (kg)

Pengona

120

< 100

Magou

100

125

Kobadié/Adaré

180

320

Guessédoundou

100

175

Bogodjotou

100

200

TOTAL

600

920


Sur les 920 kg produits à partir des semences de la FAO 75% ont été autoconsommés.


Avantages :

Disponibilité en eau (nappe peu profondes, puits de moins de 10m) et en sols (le périmètre maraîcher s’agrandit chaque année)

Ecoulement facile de la production sur Torodi et Niamey (route goudronnée)


Inconvénients :

Sols parasités

Formation indispensable des agriculteurs

Logique individualiste des producteurs, organisation à revoir

Encadrement insuffisant, un seul technicien pour l’ensemble de la commune

La pomme de terre n’est pas dans les habitudes alimentaires de la population

Achat de pommes de terre de consommation sur les marchés de Niamey et Bonkoukou pour les utiliser comme semences



  • Ouallam


La commune de Ouallam c'est une des 5 communes du département de Ouallam, 1740 km2 pour 63127 habitants. Les principaux sites maraîchers sont Tolkobeye, Sargane, Ouallam, Dignassa, Bardouga, Garbey et Tinga.


Nous nous sommes concentrés sur le site de Tinga, qui regroupe plus de 1000 femmes le long d'un point d'eau (une mare permanente) sur 102 hectares. Les femmes sont organisées en 4 groupements et cultivent des légumes en contre saison principalement pour l'autoconsommation. Ces 4 groupements ne sont pas organisés en union. Il serait intéressant de se pencher sur ce site qui contrairement aux autres ne bénéficie d'aucune aide... il s'agit donc du site le plus vulnérable de Ouallam.


 

Périmètre maraîcher du site de Tinga, Ouallam, Niger


J'ai donc rencontré les femmes de la coopérative Albarka, qui travaillent sur le site de Tinga. Elles y cultivent la salade, la pomme de terre (achètent généralement moins d'un kg de semence tout venant par personne), l'oignon, le chou, la carotte, l'aubergine, la patate douce... la culture de contre saison y est pratiquée depuis plus de 20 ans.

Les principaux problèmes qui se posent outre l'absence de formation sont la divagation des animaux qui se rendent au point d'eau pour s'abreuver, l'arrivage tardif des semences et le manque de petit matériel.


Point positif : 66 productrices de Ouallam auraient été formées à Bonkoukou en 2007 pendant 2 semaines, en collaboration avec la FAO. Ces femmes ont obtenu de bons résultats par la suite, elles envisageraient de commander des semences de pommes de terre pour la campagne de 2008 et auraient contacté la FCMN Niya pour faciliter la commercialisation. Ces femmes sont donc dans une démarche très positive et pourraient à leur tout former d’autres agricultrices du site afin de répandre les bonnes pratiques enseignées au cours du stage.



  • Dosso


Un partenariat avec l'ONG AFPEF Doubani (Association féminine pour la promotion et l'éducation de la femme) serait intéressant. Sa présidente, Mme Djermakoye Hadji Maimouna est une femme dynamique soucieuse du développement rural du département et de l'émancipation de ses femmes.


Nous avons visité le site de Karguibangou, à 30 km de Dosso. Ce site maraîcher de 11 ha regroupe à ce jour 85 exploitants (contre 250 personnes en 2002) dont 26 femmes venant de 3 villages différents.


 

Rencontre avec des producteurs maraîchers du site de Karguibangou, Dosso, Niger


Dans les années 70 l'Arabie Saoudite a construit sur ce site un forage artésien permettant de développer le maraîchage, mais la rupture d'un des tuyaux en 2002 a conduit à l'inondation du site et la formation d'une mare de 1 ha, pour le plus grand bonheur des enfants qui s'y baignent et des animaux qui s'y abreuvent. La pisciculture y a même été développée, aussi les agriculteurs souhaiteraient conserver une partie de cette mare.

Mais le site nécessite d'être réhabilité (nombreux canaux d'irrigation impraticables car encombrés de sable et de branchages) et le forage réparé (coût approximatif selon une expertise de 2004 30 millions de CFA). Une fois ces travaux effectués, le site présentera réellement un fort potentiel de production, et les cultures maraîchères d'autoconsommation pourraient se transformer en cultures de rente capables d'approvisionner le département.


Cependant un appui technique sera indispensable, les agriculteurs devront être formé à la culture de la pomme de terre par exemple, qui jusqu'à présent  n'est cultivée que par quelques personnes qui n'ont jamais bénéficié de formation.

L'ONG Doubani espère pouvoir travailler en partenariat avec ASF et l'ONG ARIDEL, afin de bénéficier de leur expérience en matière de maraîchage. Espérons que cette collaboration aboutira !


  • Bonkoukou


Bonkoukou est un village situé à 140 km au nord est de Niamey, c’est le 2ème site de production de pomme de terre au Niger après la région d'Agadez.


J'y ai rencontré :
- le Président de l'union des coopératives maraîchères de Bonkoukou (87 groupements), M. Ousmane Garba et quelques agriculteurs
- le coordinateur régional de SOS Sahel M. Harouna Djibril

 J’ai pu visiter le site maraîcher de 10 ha aménagé par l'ONG Développement de la Femme Rurale en bordure des bâtiments de l'INRAN. Malheureusement je n'ai vu aucune des 107 femmes qui travaillent sur le site car les récoltes d'oignon et de pomme de terre étaient terminées au moment où je me suis rendue à Bonkoukou. Les rendements moyens sont de 30 tonnes/ha.

D'ici la prochaine campagne l'ONG DFR aura construit :

  • une chambre froide à 4°C de 100 tonnes destinée a la conservation des semences (coût 60 millions CFA)

  • une cave climatisée de 20 à 30 tonnes permettant d'atteindre une température de 12°C pour conserver les pommes de terre destinées a la consommation (coût 5 millions CFA)


Ces investissements devraient résoudre les problèmes de conservation. Le représentant de SOS Sahel a également évoqué la construction d’un magasin de conservation de 250 tonnes non réfrigéré qui sera achevé en 2008 (coût 34 000 000 CFA) et qui bénéficiera à l’Union des Maraîchers de Bonkoukou, quelques groupements ayant déjà été choisis pour pouvoir stocker leur production en 2009.

Les principaux problèmes rencontrés dans la région sont :


- l'approvisionnement en semences : tardif et insuffisant (les paysans dépendent des importations des ONG et de la FAO), il oblige les agriculteurs a se fournir au Nigeria en semences non certifiées et parasitées. Objectif : traiter directement avec Germicopa et faire venir plusieurs conteners... Les besoins en semences sont de plus de 100 tonnes/an !
- l'écoulement de la production qui est vendue a Niamey et engendre des coûts de transport exorbitants. En 2008 la récolte sera regroupée au niveau de l'union afin de trouver des grossistes et faciliter la vente. Des ententes avec des acheteurs de la sous-région sont en cours.


Les projets :

  • les magasins de conservation

  • le comité de gestion des commandes de semences regroupant l’ICRISAT, SOS Sahel, DFR et l’Union des Maraîchers

  • la participation de nouveaux agriculteurs au programme GIPD de la FAO à l’aide de champs-écoles (16 personnes à Shett en 2007)

  • étendre la culture de la pomme de terre au nouveau site de 2ha à Tillobi (sur le plateau à 15km de Bonkoukou)


Publié dans Le projet

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