III) ANALYSE DE LA FILIERE POMME DE TERRE EN AFRIQUE SAHELIENNE

Publié le par Morgane

 

-1- Aperçu général de la filière en Afrique de l’Ouest


La production des pays ouest-africains est négligeable au plan international. Les principaux pays producteurs sont le Nigéria, le Cameroun, le Sénégal, le Mali et la Guinée. A l’exception de quelques échanges frontaliers difficiles à estimer, la production des pays ouest-africains est destinée essentiellement à satisfaire la demande nationale. Les circuits de distributions se présentent sous diverses formes allant de la relation directe entre le producteur et le consommateur jusqu’à l’intervention de nombreux intermédiaires. En général toutefois, la commercialisation de la pomme de terre emprunte un circuit long où interviennent collecteurs, courtiers, grossistes, demi-grossistes et détaillants.


Concernant les importations européennes, les Pays Bas dominent largement ce marché avec environ les 2/3 du total des importations, suivi de la France pour le reste. Pour ces pays, le marché ouest-africain représente une part négligeable de leurs exportations de pommes de terre, soit respectivement moins de 3% et 1%.


L’importance de la pomme de terre dans le budget des ménages représente dans tous les pays moins de 1% des dépenses alimentaires. Contrairement à l’oignon, la pomme de terre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des africains. Elle est consommée essentiellement en milieu urbain par les ménages aisés qui veulent varier leur menu. En fait la pomme de terre a longtemps été un mets méconnu des classes les plus pauvres et peut encore être considérée comme un produit de luxe dans la sous région, mais cette situation tend à disparaître grâce à sa vulgarisation.


Les zones de production de pommes de terre, relativement limitées, comprennent principalement la région de Sikasso au Mali, la zone sud des Niayes entre Dakar et Saint-Louis au Sénégal, la région de Mamou dans le Fouta Djalon en Guinée et le centre du Burkina Faso. La culture est pratiquée surtout en saison sèche (octobre à mai) sur des terres libérées des cultures céréalières, à proximité des cours d’eau, des barrages, des forages ou des puits traditionnels. Elle est le fait de producteurs individuels, bénéficiant parfois de l’appui de projets de développement ou d’ONG.


Les périodes de plantation et de récolte sont relativement homogènes dans la sous-région avec quelques variations d’un pays à l’autre. La pomme de terre étant essentiellement une spéculation de contre-saison, l’installation de la culture se fait en majorité en novembre et décembre et le gros de la récolte se fait en mars et avril.


Les arrivages massifs sur le marché expliquent les chutes importantes de prix à partir de mars. Comme la demande pour la pomme de terre est relativement constante au cours de l’année, les fluctuations de prix sur le marché dépendent essentiellement de l’offre globale. Dans tous les pays, les prix sont généralement au plus haut en octobre et novembre, alors que le marché n’est approvisionné que par la pomme de terre importée, pour diminuer après et atteindre leur plancher en mars/avril. Par la suite ils reprennent leur cycle ascendant jusqu’à la fin de l’année.


Une production précoce (en primeur) existe un peu partout mais elle ne représente qu’une très faible partie de la production.

Les rendements moyens varient considérablement d’un pays et même d’une zone à l’autre. Selon les données tirées de diverses études sur le terrain, les rendements à l’hectare seraient de l’ordre de 20 tonnes au Burkina et au Mali, de 15 à 20 tonnes en Guinée et de moins de 15 tonnes au Sénégal et au Niger. Toutes ces données sont sujettes à caution et ne sont citées qu’à titre indicatif.


Il est difficile de comparer avec précision les coûts de production, les diverses études réalisées dans la sous-région n’utilisant pas toujours les mêmes approches. Les coûts unitaires de production varient en fonction des conditions pédologiques, climatiques et économiques dans lesquelles opèrent les producteurs, conditions qui influencent à la fois les rendements et les facteurs de production. En outre il faut tenir compte des coûts de transport jusqu’aux marchés de consommation. Les semences constituent partout le principal poste de dépenses, suivi par la main d’œuvre et les engrais.



-2- Le cas du Burkina Faso


  • L’approvisionnement en plants


Les semences sont des plants certifiés d’origine principalement française et ne sont disponible généralement qu’au mois de novembre. Le Burkina Faso est entièrement dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement en semences, la production locale étant négligeable. Il importe annuellement entre 150 et 250 tonnes de plants certifiés qui sont vendus aux producteurs entre 900 et 1250 CFA/kg.

L’approvisionnement en semences est assuré par des structures privées : les organisations de producteurs (FNGN) et les sociétés comme King Agro, GEx…


 

Quantité de semences Germicopa importées au Burkina Faso au cours des 5 dernières campagnes


Cependant, devant les difficultés récurrentes d’approvisionnement en semences certifiées importées (arrivée tardive, quantités insuffisantes, caisses parfois pourries…) les paysans ont développé des initiatives pour trouver des solutions palliatives : la reconduction de plants à partir des cultures de consommation. Les systèmes diffèrent selon les zones de production.


Dans la zone de Ouahigouya, au nord-ouest du Burkina, les petits calibres récoltés en février et issus des cultures de consommation implantées avec des semences certifiées d’importation sont conservés jusqu’à la campagne suivante et sont plantés tôt (fin septembre - début octobre) pour les productions de primeurs.


Dans la région de Bobo-Dioulasso, au sud-ouest du Burkina, on retrouve le système d’échange de matériel entre producteurs de deux villages (Karankasso Sambla et Toronso) similaire à celui pratiqué dans la région de Sikasso au Mali : les petits calibres récoltés à Karankasso Sambla, au lieu d’être conservés jusqu’au mois d’octobre, sont confiés aux producteurs de Toronso, situés en altitude, pour être plantés en saison des pluies. A la récolte des cultures de saison des pluies, les petits calibres sont restitués aux producteurs de Karankasso Sambla pour être plantés en novembre-décembre.


Avantages :

  • disponibilité de plants pour les cultures de primeur

  • coûts réduits des plants


Inconvénients :

  • plants de qualité sanitaire et physiologique généralement médiocre

  • quantité de plants disponibles aléatoire selon les conditions de culture et de conservation

  • risque de mélange variétal

  • conduites des cultures non adaptées à l’obtention de plants de qualité



Depuis 2004, le professeur Gnissa Konate et son équipe de l’INERA (l’institut de recherche étatique) développent le laboratoire de Kaboinsé (à quelques kilomètres de Ouagadougou). Ce laboratoire produit depuis 2007 sept variétés de vitroplants et envisage la production de microtubercules et minitubercules (le laboratoire a acheté 2 grandes serres à cet effet). L’objectif affiché par le laboratoire est de réussir à couvrir les besoins en semences du Burkina Faso d’ici 2012, soit 500 tonnes/an. Les semences burkinabès devraient être vendues entre 500 et 600 CFA/kg, soit quasiment la moitié du prix des semences importées.


Ces vitroplants sont actuellement multipliés sur le site de 3ha à Katchari, près de Dori (Nord-Est du pays). Ce site, proche du barrage de Yacouta dispose d’un système d’irrigation goutte à goutte et bénéficie d’une faible pression parasitaire et d’un sol sabloneux permettant une récolte manuelle facile (peu de blessures des tubercules).


Le rendement obtenu à partir de vitroplants est actuellement de 20 tonnes/ha. Actuellement des négociations sont en cours avec la SOBEFEL pour louer leur chambre froide à 4°C afin de conserver 6 tonnes de semences (ce qui reviendrait à un coût supportable de 100 CFA/kg pour 6 mois de stockage).


Compte tenu de l’impossibilité pour les fournisseurs de plants européens d’approvisionner les producteurs burkinabès à temps pour les cultures de primeurs, une production locale de plants devrait viser prioritairement ce marché. Dans un premier temps elle ne devrait pas chercher à se substituer complètement aux importations traditionnelles de plants mais plutôt à se positionner sur le créneau laissé vacant par celles-ci.


  • La production de pomme de terre


Les principales zones de production sont localisées dans les provinces du Yatenga, du Houet, du Sourou et du Bazéga. La pomme de terre est cultivée en contre saison comme les nombreuses spéculations maraîchères. La culture est nécessairement irriguée et la disponibilité d’une source d’eau est une condition sine qua non à son implantation.


Le niveau de la production nationale reste difficile à apprécier mais est estimé entre 3000 et 4000 tonnes. Cette production est loin de satisfaire la demande nationale, d’où les importations régulières de pomme de terre de consommation.


La pomme de terre, qui était considérée comme une culture de rente, tend à devenir aussi une culture de diversification alimentaire.


a) Plantation



 

Préparation d’une parcelle de pommes de terre, Bonkoukou, Niger

Les producteurs ne disposent généralement pas de parcelles de grandes superficies. Le choix des parcelles de culture de pomme de terre est souvent limité eu égard au fait que les producteurs de pomme de terre sont avant tout des maraîchers. La rotation des cultures n’est généralement pas observée et quand elle l’est, la succession des cultures n’est pas toujours appropriée (on retrouve souvent d’autres Solanacées sur la parcelle après la pomme de terre).


Les dates de plantation s’échelonnent de fin septembre, pour la production de pomme de terre primeur, à début janvier, pour la production de contre-saison. Les cultures de primeurs sont réalisées à partir de plants reconduits des cultures de consommation de la campagne précédente. La production en saison pluvieuse est anecdotique, jusque là aucun des essais réalisés ne s’est avéré très concluant.




Les variétés plantées sont celles qui sont disponibles sur le marché, les variétés cultivées sont peu nombreuses et dominées par la variété Sahel.


La pratique du sectionnement des plants à la plantation est quasi systématique. Les raisons invoquées sont d’ordre économique : coût élevé de la semence qui incite le producteur à optimiser le rapport prix de la semence / surface plantée. Le manque de mesures préventives pour minimiser les risques d’infection lors de cette opération est cependant à déplorer.


Les densités de plantation pratiquées sont de l’ordre de 110 000 tiges à l’hectare (écartements de 30 cm x 30 cm entre semenceaux sur le rang et entre rangs).


Problèmes posés :

  • augmentation des problèmes sanitaires liés au sol ;

  • risque de baisse de fertilité du sol ;

  • variétés pas toujours adaptées aux conditions agroécologiques des zones de production ;

  • manques à la levée accrus par le sectionnement des plants ;


b) Entretien des cultures

 

Buttage, Ouahigouya, Burkina Faso



L’entretien des cultures est empirique. Il se limite à un désherbage manuel généralement combiné au buttage. Les traitements insecticides, quand ils existent, sont réalisés à la demande (observation de pullulements d’insectes) à des doses non raisonnées et bien souvent avec des produits non adaptés (j’ai constaté que de nombreux producteurs utilisent des produits destinés au coton voire d’origine inconnue qu’ils achètent au marché).



Problèmes posés :

  • non intervention à temps de certaines opérations, ce qui peut être dommageable à la qualité des tubercules (verdissement dans le cas de buttage insuffisant) et aux rendements (concurrence des adventices dans le cas de désherbage tardif) ;

  • risques de pollution de l’environnement.


c) Irrigation

 

Irrigation à la raie, Burkina Faso

En culture de saison sèche et froide, la pomme de terre est entièrement irriguée. Le système d’irrigation le plus utilisé est l’irrigation par arrosoir suivi par l’irrigation gravitaire à la raie. Dans le cas de l’irrigation par arrosoir, la fréquence d’arrosage est journalière et les doses d’arrosage sont souvent excessives et irrégulières. Dans le cas de l’irrigation à la raie, les fréquences d’arrosage sont généralement de deux jours et la régularité de l’irrigation dans le temps et dans l’espace est plus délicate à gérer.



Problèmes posés :

  • qualité de présentation des tubercules affectée (crevasses, excroissances) ;

  • risques accrus de pourriture des tubercules.






d) Fertilisation

 

Préparation du compost, Diapaga, Burkina Faso




L’apport d’amendements organiques est une pratique généralisée mais les quantités épandues sont aléatoires au gré des possibilités d’approvisionnement. Les engrais minéraux sont également largement utilisés. Toutefois, les formulations choisies ne sont pas forcément adaptées à la culture de pomme de terre et les quantités apportées ne sont pas raisonnées selon les besoins de la plante (l’entretien avec de nombreux producteurs nous montre que les doses appliquées sont en deçà des recommandations). Bien souvent les agriculteurs ont recours à l’urée qui est contre-indiquée si une conservation à la récolte est envisagée.



Problèmes posés :

  • dans les cas de sous fertilisation, le potentiel de production n’est pas atteint ;

  • les formulations non adaptées influent sur la quantité et la qualité de la récolte ;

  • une surfertilisation organique ou minérale peut être à l’origine de problèmes sanitaires (en végétation ou en conservation).


e) Récolte


Au Burkina Faso, la récolte des pommes de terre se fait manuellement ; rares sont les exploitations qui ont mécanisé cette culture.


La récolte se fait généralement après observation d’un délai d’environ une semaine entre l’arrêt de l’irrigation et l’arrachage. Notons que peu de soins sont apportés à la manipulation des tubercules lors de la récolte.




Récolte manuelle de pommes de terre à Ouahigouya,

Burkina Faso

 


Problèmes posés :

  • dépréciation de la qualité des tubercules (tubercules blessés) ;

  • récolte exigeante en temps et main d’œuvre.


L’analyse des problèmes rencontrés au cours des différentes opérations culturales permet de diagnostiquer une maîtrise insuffisante de la phytotechnie de la pomme de terre par les producteurs. Ces problèmes sont autant de facteurs qui limitent fortement la productivité des parcelles de culture de pomme de terre.



Les acteurs de la production :

  • les producteurs indépendants, qui ne sont affiliés à aucune organisation de producteurs

  • les organisations de producteurs comme la FNGN qui fournissent les intrants à crédit en début de campagne à leurs adhérents demandeurs. Ceux-ci s’engagent en retour à livrer à leur organisation leur production à la récolte à un prix fixé par avance. L’organisation paie alors les producteurs en déduisant le prix des intrants qu’elle a fournis à crédit en début de campagne. Cependant les mauvais payeurs et le non respect du contrat par certains paysans qui préfèrent vendre directement leur récolte sur le marché quand le prix est plus rémunérateur ont conduit au dysfonctionnement de ce mode d’intervention.

  • les sociétés commerciales, comme la société « Pro Agro » de M. Ouedraogo Bonaventure dans la vallée du Sourou à Niassan et ses 45ha exploités en pomme de terre. Cette exploitation (mécanisée, une exception en Afrique sahélienne !) a nécessité de gros investissements au départ, emploie plus de 200 personnes au moment de la récolte et possède 6 chambres froides de 1300 tonnes à Ouagadougou pour conserver semences et tubercules.


  • L’encadrement des producteurs

a) Les fournisseurs d’intrants


Ces structures centralisent les besoins exprimés par les producteurs et les ajustent pour faire la commande auprès de leurs fournisseurs locaux et étrangers. On distingue :

  • les agro-fournisseurs classiques, qui importent et/ou distribuent les semences, engrais et pesticides et parfois le petit matériel agricole. C’est le cas de la société King Agro.

  • les organisations de producteurs n’importent que les plants de pomme de terre, pour les seuls besoins des producteurs membres de la structure. Pour les autres intrants ils s’approvisionnent localement auprès des agro-fournisseurs classiques. C’est le cas de la FNGN et de l’UCOBAM.


La FNGN, importe la semence de pomme de terre de France, elle traite avec Germicopa. Elle vend la caisse de 25kg entre 25000 et 30000 CFA. Cette somme doit être payée comptant par les particuliers, les groupements affiliés à la FNGN disposent eux d’un crédit : ils avancent 50 à 75% du prix de la caisse et remboursent le reste après la récolte (en CFA ou en pommes de terre).


  • les partenaires au développement interviennent généralement dans le cadre d’opérations ponctuelles. Ils commandent des intrants pour les besoins des organisations de producteurs qu’ils appuient. C’est le cas d’ASF Burkina.

b) Les services techniques de l’Etat


Depuis la mise en œuvre des mesures d’ajustement structurel au niveau du secteur agricole, le rôle des services de vulgarisation s’est réduit désormais à l’appui-conseil des producteurs. Ils doivent à travers cet appui véhiculer les messages des chercheurs aux producteurs. Il y a malheureusement de moins en moins d’intervention de l’Etat et de plus en plus de privés et d’ONG.


c) La recherche


Elle est chargée de générer des technologies appropriées et adaptées aux différentes

conditions de cultures. Au Burkina Faso l’INERA est la structure publique en charge de la

recherche agricole. Le peu de travaux réalisés par la Recherche porte pour l’essentiel sur les tests variétaux.



LE PROJET CORUS (Coopération pour la Recherche Universitaire et Scientifique)

Le BF et le Niger participent au programme "connaissance et maîtrise des problèmes parasitaires de la pomme de terre au Sahel" dont les objectifs sont :
- contribuer à la promotion de cette culture au BF et au Niger
- hiérarchiser les problèmes parasitaires en fonction de leur importance
- caractériser les agents pathogènes
- prospecter quelques méthodes de lutte
- éditer un guide des problèmes parasitaires sous la forme de fiches techniques
- former à la recherche des étudiants en phytopathologie

Il existe une équipe pluridisciplinaire (phytopathologistes, entomologistes, nématologistes...) qui travaille sur ce programme dans chaque pays.

Le projet CORUS a réellement démarré au Niger et au Burkina en 2005. Au départ le travail a consisté à :
- visiter les principaux sites de production afin d'identifier les problèmes parasitaires (prises d'échantillons pour analyses labo)
- déterminer les principaux modes de culture de la pomme de terre (partenariat avec la FNGN a Ouahigouya, la Coopérative de Guiédougou au Sourou, le groupement de producteurs de Boudiéri à l'Est, des agriculteurs de Karangasso)
- évaluer les comportements des variétés vis à vis des différents pathogènes

Au Burkina le projet CORUS touche à sa fin, l'expérience a été si bonne qu'elle devrait être prolongée à travers le projet PROPLANT (conservation, contrôle qualité des semences...). Mais il faut trouver des financements...



LE PROJET PROPLANT

Initié au Mali en 2001, concerne le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Guinée, le Sénégal, le Cameroun et le Tchad. C'est la consécration de plusieurs années de concertation et de collaboration entre ASF, SOC I et les partenaires du Sud pour essayer de contribuer à la promotion des plants de pomme de terre :
- approvisionnement en quantité et en qualité
- à terme aboutir à une production locale de semence
- création de normes et d'une législation pour le contrôle qualité
Un des objectifs dans les années à venir, sera de donner un statut juridique à Proplant, qui n'est pour l'instant qu'une structure coordinatrice.

Parmi les activités de Proplant, Irénée Somda a travaillé sur un projet de conservation depuis 2004, en attente de subventions et de paufinement pour finalisation. Le projet consisterait à utiliser la technologie Ventifraîcheur pour conserver la pomme de terre plusieurs mois.

Autre projet actuellement mis en veilleuse : disposer de clones de pomme de terre résistants à Ralstonia et aux nématodes (recherche de l'INRA de Ploudaniel).


Des structures privées comme les ONG et les associations de développement (comme ASF-Burkina), les organisations paysannes (comme la FNGN et l’UCOBAM) et les sociétés (comme GEx) font de la recherche/développement souvent en collaboration avec d’autres partenaires publics et privés.


d) Les ONG et associations de développement


Elles peuvent être nationales ou étrangères. On peut citer l’association ASF-Burkina qui exécute un programme de recherche-développement sur la pomme de terre avec l’appui

financier et technique d’ONG françaises (ASF-Bretagne et SOC-I). Ces associations et ONG travaillent particulièrement avec les producteurs.


e) Les producteurs et organisations de producteurs


Deux organisations paysannes faîtières interviennent de façon significative sur la pomme de terre : la FNGN essentiellement dans la région de Ouahigouya et la FEPA-B sur le plan national.


La FEPA-B est à l’origine de la création du Réseau National des Producteurs de Pomme de Terre (RNPPT). Depuis l’assemblée générale de décembre 2007 ce réseau possède un bureau élu pour 3 ans composé uniquement de producteurs de pomme de terre et qui prend en compte toutes les régions du Burkina Faso. Les objectifs du RNPPT sont :

  • promouvoir la culture de la pomme de terre au Burkina

  • faciliter l’acquisition des plants de pomme de terre (commandes groupées, encourager la production locale de plants…)

  • organiser des séances de formation et de vulgarisation sur la culture de la pomme de terre et la multiplication des semences

  • organiser des voyages d’études au Burkina et dans la sous-région (Sikasso…)

  • appuyer la construction de magasins de conservation

  • faciliter l’écoulement de la production (UCOBAM, terminal fruitier, exportations vers Abidjan…)

  • créer un réseau sous-régional des producteurs de pomme de terre


La FNGN, qui existe depuis 1968, a mis en relation des groupements existants dans différents villages pour former la fédération des groupements Naam, un ensemble d’inter-unions qui représente aujourd’hui plus de 600 000 adhérents répartis dans 30 provinces burkinabès.


  • La commercialisation


Elle est assurée par :

  • les grossistes : leur volume hebdomadaire d’affaires porte sur 7 à 20 tonnes de pomme de terre en fonction des périodes de l’année

  • les demi-grossistes : leur volume hebdomadaire d’affaires porte sur 3 à 6 tonnes de pomme de terre en fonction des périodes de l’année.

  • les détaillants : leur volume hebdomadaire d’affaires porte sur 0,5 à 2 tonnes de pomme de terre en fonction des opportunités du marché


 

Vendeuses de pommes de terre, Ouahigouya,

Burkina Faso


Considérée au départ comme un produit de luxe, la pomme de terre est de plus en plus consommée par une grande partie de la population tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Ouagadougou et Bobo-Dioulasso absorbent la quasi-totalité de la pomme de terre de production locale et importée. Les consommateurs sont essentiellement des burkinabés aisés et des expatriés. Toutefois, pendant la période d’abondance qui suit les récoltes, les prix baissent et la pomme de terre est accessible à un plus grand nombre de consommateurs.


La pomme de terre est consommée essentiellement sous 2 formes : en ragoût et en frites. La transformation est embryonnaire et dans tous les cas artisanale. Citons par exemple le groupement féminin BASNERE de Ouahigouya qui sèche la pomme de terre, la découpe en morceaux et la transforme en chips ou en farine. Ces produits rencontrent cependant des difficultés d’écoulement parce que non encore intégrés aux habitudes alimentaires et culinaires des consommateurs.


Les possibilités de conservation étant limitées, le marché est approvisionné de manière irrégulière, ce qui a d’importantes répercussions sur les cours : chute brutale des prix en période d’abondance (150 à 200 CFA/kg en février/mars), montée rapide quand le produit devient rare (entre 500 et 700 CFA/kg quelques mois plus tard). A ce moment c’est l’importation (du Mali et surtout d’Europe) qui intervient pour compenser l’insuffisance de la production locale. L’exportation de la pomme de terre burkinabè vers les pays voisins est marginale.


Les producteurs, n’ayant généralement pas de notions de gestion, sont incapables d’estimer leur coût de production et ont tendance à spéculer.


  • La conservation



Seules quelques structures coopératives et privées disposent de magasins frigorifiques pour la conservation de la pomme de terre. La majorité des producteurs entreposent leurs récoltes au maximum pendant quelques semaines dans des cases, sous des hangars de fortune à même le sol ou dans des caves de conservation pendant 3 à 5 mois (spécificité de la région de Ouahigouya), le temps de les écouler bord-champ où sur le marché le plus proche. Dans tous les cas les pertes sont importantes.


 

Cave de conservation, Ouahigouya,

Burkina Faso


Des chambres froides de 60 et 120 tonnes peuvent être louées à l’aéroport et à l’abattoir de Ouagadougou, mais la location est chère (30 000 CFA/j pour une chambre froide de 30 tonnes).


Problèmes majeurs :

  • le manque de structures adéquates de conservation contribue à l’engorgement du marché en période de pleine production et à l’installation d’une pénurie quelques mois plus tard, d’où de fortes fluctuations des prix au cours de l’année ;

  • nombreuses pertes par pourriture des tubercules ;

  • dépréciation de la qualité des tubercules (phénomène de sucrage, germination, présentation du tubercule…) ;

  • les variétés conservées ne sont pas toujours rustiques (une fois encore la question de l’étroitesse de la gamme variétale disponible se pose) ;

  • les cases traditionnelles de conservation, même améliorées, ne permettent pas d’entreposer de grandes quantités de pomme de terre.


Voies de solution :

  • choix et vulgarisation de variétés aptes à se conserver dans des conditions précaires ;

  • vulgarisation de cases de conservation améliorées à destination des petits groupements de producteurs ;

  • renforcement des capacités de stockage des structures coopératives et privées en les aidant à se doter de moyens modernes.


Le centre écologique Albert Schweitzer de Ouagadougou possède un département Technologies et équipements pour la valorisation des énergies renouvelables qui travaille sur le froid solaire. Cette technologie thermique permet d’utiliser l’énergie solaire pour fabriquer de la glace. Elle trouve son application dans des mini-frigos permettant de conserver des vaccins, du lait dans des zones dépourvues d’électricité. Les coûts sont actuellement trop élevés pour envisager l’application de cette technologie à une chambre froide de plusieurs tonnes, mais cette piste mérite d’être suivie de près dans les années à venir et pourrait être une solution aux problèmes de conservation de denrées périssables dans les campagnes africaines.


Publié dans Le projet

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D
Vous avez fait du bon travail. J'ai plusque je cherchais de votre article. Dieu vous benisse pour votre travail.<br /> Merci
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