Séjour dans la province de Tapoa

Publié le par Morgane

Bonjour à tous !

Je viens de passer une petite semaine à Diapaga, au sud est du Burkina en compagnie de Henri Lebigot de l'asso Solidarité Rurale Burkina Faso Morbihan (SRBFM), de Martial ingé informaticien et collaborateur d'Henri et Ousmane, notre guide/chauffeur ! un séjour bien sympathique (on a bien déliré) ds une villa mise à notre disposition (où l'électricité était coupée ts les soirs de 1h à 7h du mat, horreur chaleur !!!)... séjour composé de visites sur le terrain et donc de rencontres avec différents groupements d'agriculteurs et responsables locaux de SRBFM (merci à Dieudonné, Fimba et à Elisabeth pour leur aide).

Quelques infos :

Etat de la culture de la pomme de terre dans la province de Tapoa


Le barrage de Boudiéri


 

 

 

Les résultats présentés dans ce compte-rendu découlent des visites effectuées à Tansarga, Tambaga-Fouani, Boudiéri et Boulel, où nous avons rencontrés des groupements de producteurs.

Ces 4 sites sont représentatifs de la province de Tapoa :

·        Boudiéri : LE principal site de production de pommes de terre de la Tapoa

·        Tansarga : petite zone de production où la pomme de terre est cultivée depuis 2004 (1ers essais mis en place par ASF)

·        Fouani et Boulel : 2 zones où des essais gratuits ont été mis en place en 2006 mais où la pomme de terre n’a pas été produite en 2007 malgré la volonté de recommencer des agriculteurs (manque de liquidité les empêchant d’acheter les caisses de semences)




La pomme de terre a longtemps été considérée comme un met de luxe réservé aux catégories socioprofessionnelles les plus aisées (fonctionnaires, commerçants). Mais depuis quelques années sa réintroduction dans la province de Tapoa grâce aux efforts conjugués de l’association Solidarité Rurale Burkina-Faso/Morbihan (SRBFM), de l’ONG Agro Sans-Frontière Bretagne (ASF) et de la Fédération des Professionnels Agricoles du Burkina (FEPAB) a permis de démocratiser cet aliment et de développer l’intérêt que lui porte la population.

En 2007 la SRBFM a fourni 138 caisses de 25 kg de semences Claustar et Sahel aux agriculteurs de la province dont 128 sur les sites de Kantchari et Boudiéri. La production obtenue à la fin de la campagne à partir de ces 138 caisses de semences est de 40.7 tonnes, avec un rendement moyen de 245 kg/caisse, ce qui est relativement faible.

Si la bonne organisation des maraîchers en groupements voire en unions et la qualité des sols de la province de Tapoa sont à noter, certains problèmes limitent la production de pomme de terre.

Les problèmes rencontrés qui limitent la production de pomme de terre :

-         Acquisition de la semence de pomme de terre :

Bien souvent, les semences importées d’Europe arrivent tardivement, elles ne sont disponibles qu’en novembre voire décembre alors que le début des plantations devrait être effectif dès le mois d’octobre pour que les cultures ne souffrent pas trop de la saison sèche.

De plus, les agriculteurs devant payer les caisses de semence comptant (aucun système de microcrédit n’étant mis en place) soit ils peuvent avancer l’argent pour un nombre de caisses limité et inférieur à leur demande réelle, soit ils se trouvent dans l’incapacité de payer et donc ne cultivent pas la pomme de terre cette année là.

Solutions envisagées :

ð     Obtention des semences à crédit, faire en sorte que les agriculteurs n’aient à avancer que 50% du prix de la caisse à l’achat et puissent rembourser les 50% manquant à la récolte (appui de la FEPAB envisageable ? soutien d’une banque ?)

ð     Conservation des tubercules de plus petit calibre de la saison précédente afin de les planter en primeur au mois d’octobre, avant l’arrivée des semences européennes.

 


-
        
Mauvaise maîtrise des techniques culturales :

Les faibles rendements obtenus dans la province de Tapoa sont en partie le fait d’une mauvaise maîtrise des techniques de culture de la pomme de terre : préparation des planches, semis, arrosage, buttage, fertilisation, rotation…

               

Solutions envisagées :

ð     Poursuivre les formations avec l’appui d’ASF ou de la FEPAB

ð     Réaliser un guide de vulgarisation de la culture de pomme de terre

 

-         Dégâts dus aux animaux :

Le grillage coûtant cher, les agriculteurs délimitent leur périmètre maraîcher en construisant des clôtures avec les chaumes de mil. Ces clôtures naturelles sont certes plus économiques mais elles sont plus fragiles et surtout elles obligent les paysans à attendre la fin de la récolte des céréales pour protéger leurs jardins. Ainsi, soit les agriculteurs attendent la mise en place des clôtures avant de planter la pomme de terre (et donc prennent du retard avec les problèmes liés à la sécheresse vus ci-dessus) soit ils subissent les assauts des animaux (moutons, chèvres, ânes, porcs et vaches) qui viennent pâturer dans les jardins et mangent les jeunes pousses.

 

Solutions envisagées :

 

ð     Utiliser le système des haies vives, en plantant des arbustes épineux ou du jatropha par exemple, plante à la croissance rapide qui éloigne les animaux et dont les graines peuvent être utilisées pour produire du biodiesel (parmi ses nombreuses vertus). Cette solution est la plus longue mais la moins coûteuse et la plus intéressante écologiquement parlant (freine la désertification, limite l’érosion).

ð     Mettre en place des clôtures grillagées.

 

-         Manque d’eau :

De nombreux sites sont aménagés à côté de barrages et certains comme Boudiéri bénéficient d’un système d’irrigation par canaux. Mais la plupart des sites sont dépendants de la création de puisards où de puits pour que le maraîchage soit envisageable. Or bien souvent même ces structures se tarissent avant la fin de la campagne maraîchère.

 

Solutions envisagées :

ð     La construction de puits suffisamment profonds pour que l’eau soit disponible jusqu’à la fin du mois d’avril doit être envisagée

ð     Les puisards doivent être bétonnés pour éviter leur effondrement après chaque saison des pluies (leur reconstruction occasionne une perte de temps et d’énergie)

 

 

 




ð La construction de gabions, cordons pierreux utilisés pour ralentir l'eau de la saison des pluies afin d'alimenter la nappe phréatique et ainsi stocker dans le sol l'eau pour la culture maraichère en saison sèche



 

 

-         Manque de matériel agricole :

De nombreux groupements aimeraient posséder une charrette pour faciliter l’acheminement de leurs récoltes dans les villes voisines ou une motopompe pour faciliter l’arrosage de leurs parcelles. Ce type de matériel représente un investissement conséquent, mais parfois même le petit matériel (arrosoirs, dabas, pelles, seaux…) fait défaut et limite l’exploitation du périmètre maraîcher.

-         Maladies :

Etant arrivée début avril dans la province de la Tapoa, je n’ai pas pu constater la nature et l’ampleur des problèmes parasitaires,  la pomme de terre cultivée sur les différents sites étant déjà récoltée. Il ressort de l’étude que les maraîchers ne savent pas reconnaître les maladies qui attaquent leurs parcelles et ne connaissent pas les moyens de lutte appropriés. En cas d’attaque soit ils utilisent des produits chimiques inadaptés (produits phytosanitaires pour coton, etc…), soit ils recouvrent leur parcelle de cendre, soit ils arrachent les pieds malades.

Solutions envisagées :

ð     Former les agriculteurs à la détection et à la reconnaissance des maladies et aux méthodes de lutte

ð     Développer la lutte biologique préventive (utilisation d’huile de neem par exemple)

 

-         Conservation :

Les producteurs ne possèdent pas de locaux où entreposer leurs pommes de terre destinées à la consommation. En 2006 ASF et la SRBFM ont lancé la construction d’un magasin de conservation des semences à Boudiéri qui est achevé à ce jour, mais dont la taille ne permet pas de conserver l’ensemble des semences de 60 cultivateurs de pomme de terre de la zone.

 














Le magasin de conservation de Boudiéri


Les producteurs stockent donc leur récolte chez eux, à même le sol où dans les boites de semences… et la pourriture qui touche essentiellement les tubercules de plus gros calibre entraîne la perte d’1/3 de la récolte (voire plus) chaque année. Les producteurs sont donc obligés d’écouler leur stock le plus rapidement possible, ce qui les empêche de commercialiser leur production de mai à août au moment où l’offre est quasi inexistante et où les prix de vente sont élevés (jusqu’à 800 CFA/kg).

                Solutions envisagées :

ð     Optimiser  l’utilisation du magasin de conservation de semences de Boudiéri (système d’étagères pour utiliser tout l’espace…)

ð     Construire de nouveaux locaux de stockage dans les différents départements

ð     Former les agriculteurs aux techniques de conservation

 

-         La commercialisation :

Les agriculteurs arrivent à écouler leur production en moins de 3 mois, cependant la majorité des ventes se fait au détail (bord-champ, sur les marchés où au porte –à-porte à vélo) et de manière individuelle, ce qui traduit un manque d’organisation des producteurs.

La pomme de terre de la province de Tapoa est essentiellement vendue régionalement (à Diapaga, Kantchari, Fada N’Gourma), mais aussi nationalement (à Ouagadougou) et sous-régionalement (à Niamey, dans le Nord du Bénin). Les prix de vente vont de 175 à 400 CFA/kg.

                Solutions à envisager :

ð     Créer un stand permanent des producteurs de pomme de terre sur le marché de Diapaga

ð     Démarcher des acheteurs au Burkina Faso pour de la vente en gros ou demi-gros

ð     Mieux valoriser la localisation transfrontalière de la province de Tapoa en démarchant des acheteurs dans la sous-région (au Niger, au Bénin et au Togo)




ois

Publié dans Burkina Faso

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article